•  http://www.france-pittoresque.com/spip.php?article3560

     

     Vénéneuses, potagères, mauvaises – qui croissent toujours comme chacun sait –, fraîches, tendres, touffues, épaisses, les herbes couvrant prairies et pâturages, et dont nos anciens savaient faire du bouillon et des potages renommés, possédaient également selon eux des propriétés médicinales aujourd’hui oubliées

    Que deviendraient les cordons-bleus sans les fines herbes ? Elles sont de première nécessité pour le genre humain : blé, maïs, pomme de terre, patate, riz, haricots, pois, fève, lin, chanvre, coton, garance, indigo, etc., etc. Toutes sont des herbes ; car en botanique, on comprend sous la dénomination de végétaux herbacés tous ceux de consistance tendre, d’aspect verdoyant, qui n’ont pas, comme les arbres, de parties ligneuses. Pour beaucoup de personnes, les graminées seules méritent le nom d’herbes, et c’est vraiment à elles qu’il est le plus convenablement appliqué ; leur nombre est, en Europe, beaucoup plus considérable que celui des arbres et nul n’ignore qu’on ne peut les employer toutes qu’à la Saint-Jean, époque à laquelle on est sûr de ne pas en oublier. Le vulgaire, les campagnards surtout, ont ajouté au plus grand nombre un nom qualificatif rappelant certaines superstitions ou bien les propriétés médicinales particulières à chacune.

    Sauge
    Sauge
    Le tabac, lors de son introduction en Europe, en 1518, jouit rapidement d’une vogue médicale extraordinaire : « C’est à bon droit, dit Olivier de Serres, qu’on l’appelle herbe de tous les maux. » Mais on s’aperçut peu à peu que cette panacée, cette herbe sacréeherbe médicéeherbe à la reineherbe à l’ambassadeurherbe au grand prieur, avait une action narcotique puissante et produisait, introduite dans l’estomac à petites doses, des irritations graves, des vomissements douloureux et, à fortes doses, des accidents souvent suivis de mort. Au dix-huitième siècle, le suc de tabac mêlé avec de la poudre de dépouille de serpent, et employé en injection, guérissait les ulcères fistuleux d’une manière admirable.

    Au siècle suivant, les maquignons s’en servaient pour masquer momentanément les défauts des chevaux vicieux et les médecins n’en usaient qu’avec la plus grande prudence, en lavements dans certains cas de tétanos, d’apoplexie ou d’asphyxie par submersion ; les ouvriers des manufactures de tabac étaient, paraît-il, préservés des fièvres intermittentes, et les peintres en bâtiments se mettaient quelquefois des compresses de décoction de tabac sur le ventre pour calmer leurs coliques.

    L’herbe vulnéraire est l’arnica, tabac des montagnes, fumée par certains paysans ; sa teinture alcoolique jouit encore d’une belle réputation. La consoude (du latin consolido, j’unis) ou herbe à coupure possède des propriétés astringentes dues à l’acide gallique qu’elle contient. Le sirop de grande consoude sert dans certaines hémorragies ; sa racine donne une couleur rouge carmin, et ses feuilles sont mangées en guise d’épinards.

    L’achillée, mille feuilles, herbe militaire, herbe aux charpentiers, saigne-nez, dont le nom a été créé en l’honneur d’Achille, élève du centaure Chiron, qui le premier aurait employé celte plante pour guérir les blessures, a conservé sa vieille renommée. Le sedum âcre ou orpin brûlant, herbe aux cors, herbe à coupure, vermiculaire, pain d’oiseau, poivre de muraille, trique-madame, a une grande réputation pour cicatriser les plaies et fut, comme purgatif, la cause de graves accidents. Le séneçon, herbe aux charpentiers, également, qui servait autrefois dans l’épilepsie, le choléra morbus, la gale et l’inflammation des mamelles, n’est maintenant en vogue que chez les petits oiseaux, les chèvres, les lapins, les lièvres et les porcs, qui s’en régalent ainsi que des différentes espèces de plantin, herbe aux blessures, herbe aux cinq coutures, herbe aux puces.

    La sauge, herbe aux plaies, herbe sacrée, à l’odeur aromatique agréable, à la saveur piquante, bien déchue aujourd’hui, excepté chez les abeilles au miel parfumé, possédait autrefois la propriété d’attirer crapauds et serpents, jointe à celle de soulager toutes les maladies du cerveau, étant fumée, soir et matin, dans la pipe en guise de tabac. Forestius dit qu’il a connu un artisan qui se délivra d’un grand tremblement par l’usage continuel de la sauge. Les graines de la renouée ou curage, herbe aux panaris, peuvent à la rigueur servir de poivre et les tiges et feuilles fraîches comme rubéfiant. « On a guéri, dit Etmüller, une hémorragie du nez rebelle aux plus forts remèdes, en appliquant sous les aisselles de la malade de la renouée bouillie dans l’eau. »

    A la campagne, on fait des cataplasmes avec la lampsane, herbe aux mamelles, pour effacer les gerçures du sein, et la joubarbe, barbe de Jupiter, herbe aux cors, herbe aux hémorroïdes, dont les noms vulgaires indiquent assez l’emploi, est, dans certains endroits, respectée profondément, car elle prévient les maléfices de la sorcellerie ; elle servait comme rafraîchissement dans les maladies aiguës, pilée avec du lait de femme – ou du suc d’écrevisse – et attachée à la plante des pieds.

    Scrofulaire
    Scrofulaire
    L’herbe à la pituite (staphysaigre), l’herbe à la rate(scolopendre ou langue de cerf), l’herbe à la gravelle(saxifrage, mignonnette, désespoir du peintre), l’herbe aux verrues, aux chancres (héliotrope), l’herbe aux varices (cirse), l’herbe aux goutteux (égopode ou podagraire), l’herbe aux ladres (véronique) possédaient des vertus aussi nombreuses qu’infaillibles. Les anciens croyaient que les hirondelles guérissaient les yeux de leurs petits avec le suc d’une herbe qu’ils appelèrent chélidoine ; ils s’en servaient pour foutes les maladies des yeux et leurs patients devaient beaucoup souffrir, car le suc nauséabond de la chélidoine ou herbe aux verrues, corrode la peau et la teint en jaune comme l’acide azotique ; une autreherbe aux verrues est l’euphorbe, réveille-matin, que les paysans ont le grand tort de conseiller comme collyre aux personnes qui désirent se réveiller de bonne heure. « Il n’est rien de meilleur que la poudre d’euphorbe, dit un médecin du dix-huitième siècle, pour faire tomber la carie des os, parce qu’elle absorbe et consomme par son sel volatil acre l’acide corrosif cause de la carie. »

    La scrofulaire, herbe aux écrouelles, herbe aux hémorroïdes, herbe au siège, dont les différents noms suffisent pour indiquer les propriétés, sert dans quelques pays contre la gale et a été préconisée dans le Nord contre la rage, en tartines sur du pain beurré. La bardane, herbe aux racheux, dont les fleurs sèches s’attachent si bien à nos vêtements, employée contre les maladies de peau, la teigne, etc., servait autrefois, bouillie avec de l’urine, pour dissiper les tumeurs des genoux ; enfin la poudre contenue dans les capsules du lycopode, herbe à la plique, ne sert plus qu’aux pharmaciens pour empêcher les pilules d’adhérer entre elles, aux mamans pour « poudrer » les replis dodus de leurs petits enfants, et pour faire des éclairs dans les orages de théâtres et les feux d’artifice.

    Citons encore l’alysse, herbe aux fous et passerage ; la charagne ou herbe à écurer, employée malgré son odeur infecte à écurer la vaisselle à cause de la couche calcaire qui recouvre ses sommités, la circée,herbe aux sorciers, herbe aux magiciennes, herbe enchantée, usitée au moyen âge dans les pratiques de sorcellerie, et arrivons aux herbes diaboliques, telles que : la scabieuse, herbe du diable, lequel, paraît-il, poussait l’astuce jusqu’à la ronger pour la faire périr afin de priver les humains de ses propriétés merveilleuses ; la dangereuse renoncule, bouton-d’or, herbe scélérate, herbe sardonique ; la dentelaireherbe du diable, herbe à cancer, que l’on mâche dans le Midi contre le mal de dents ; la belladone, herbe empoisonnée, au fruit trompeur ressemblant à une cerise, cause de tant d’accidents terribles chez les enfants (son suc entre en Italie dans la composition de certains cosmétiques à l’usage des belles dames (bella dona) et son nom scientifique atropa rappelle celui d’une des trois Parques) ; le datura stramonium, stramoine, herbe des démoniaques, herbe des magiciens, poison des plus violents, produisant à doses élevées vertiges, délires, hallucinations et guérissant les malades hallucinés.

    N’écrasons pas les feuilles de la clématite ou herbe aux gueux ; les mendiants s’en servent pour faire venir sur leurs membres des ulcères peu profonds à l’aide desquels ils excitent notre pitié.

     


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  •  En comparant les données fournies par la sonde Ulysse et d’autres concernant les séismes, le champ magnétique et même lesmouvements de l’atmosphère sur Terre des chercheurs ont fait une découverte stupéfiante : La Terre résonne au diapason de certaines ondes sonores se propageant dans le plasma solaire, c’est donc littéralement le son du Soleil qu’il est possible « d’entendre » sur notre planète

     http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/astronomie/d/le-son-du-soleil-fait-resonner-la-terre_12759/

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    La sonde Ulysse étudiant les pôles du Soleil (Crédit : ESA).

    Il n’y a probablement plus grand monde qui s’en souvienne, à part les physiciens solaires, mais une sonde de l’ESA, Ulysse, est en orbite polaire depuis 16 ans autour du Soleil.

    De fait, non seulement Ulysse est la première sonde spatiale à explorer levent solaire au-dessus des pôles du Soleil mais c’est aussi probablement le seul objet du Système Solaire à tourner de la sorte autour de notre astreavec une période orbitale de 6 ans environ. Le satellite est passé une première fois au-dessus des pôles sud et nord du Soleil en 1994 et 1995, et surtout, au moment du maximum d’activité du cycle solaire de 11 ans entre 2000 et 2001. Il avait d’ailleurs permis à ce moment là d’observer de claires différences entre les régions polaires et équatoriales.

    Depuis son lancement, les instruments à bord d’Ulysse enregistrent de multiples informations sur le flux de particules émises par notre étoile, ainsi que sur les variations et la structure du champ magnétique interplanétaire.

    David Thomson et Louis Lanzerotti, des membres de l’équipe chargée de l’expérience HISCALE équipant Ulysse, ont alors eu l’idée avec leur collègues Frank Vernon, Marc Lessard et Lindsay Smith d’étudier de possibles corrélations entre l’activité du Soleil observée par la sonde et le comportement de différents systèmes géophysiques, comme l’atmosphère, le champ magnétique et même les variations de courant dans les câbles océaniques.

    A leur grande surprise, ils ont constaté que certaines des harmoniques bien précises prédites par les héliosismologues, et concernant ce qu’on appelle les ondes de pression (Modes p) et les ondes de gravité (Modes g) du Soleil, étaient bien présentes dans les systèmes terrestres. Attention tout de même à ne pas confondre les ondes de gravité, qui sont des ondes sonores se produisant dans un milieu fluide sous l’action des forces de rappel de la gravité, et les ondes gravitationnelles qui sont des ondes se propageant par déformation du tissu de l’espace-temps en relativité générale.

    Cette découverte est particulièrement intéressante au moins pour la raison suivante. Si les ondes de pression du Soleil avaient bien été détectées depuis longtemps par des réseaux de télescopes sur Terre, et surtout par le satellite SOHO, il n’en était pas de même (ou presque) pour les ondes de gravité se manifestant par ce que les astrophysiciens appellent donc les modes g d’oscillations des étoiles. Ces modes sont générés très en profondeur à l’intérieur du Soleil et ils sont donc susceptibles de nous fournir des informations importantes sur les détails de la machinerie interne de celui-ci, et ce, de façon complémentaire avec les données de l’astronomieneutrino obtenues grâce à des expériences comme BOREXINO : on comprend donc l’excitation des astrophysiciens.

    On peut évidemment être surpris par ce phénomène de résonance entre des ondes sonores dans le plasma solaire et des ondes sismiques sur Terre ou des ondes sonores dans son atmosphère. Pour David Thomson, il n’y aurait en fait rien de mystérieux, quand bien même des ondes sonores ne peuvent évidemment pas voyager dans le vide interplanétaire. La situation serait très similaire avec celle concernant les transmissions radio sur Terre.


    Le champ magnétique du Soleil se couple avec celui de la Terre par l'intermédiaire du vent solaire.
    Crédit : ESA

    En effet, les modes p et g se propageant dans le plasma constituant notre étoile, ils sont naturellement couplés au champ magnétique du Soleil qui lui-même influence et pilote une partie du champ magnétique de la Terre par l'intermédiaire du vent solaire. Comme le champ magnétique de notre planète est lui aussi couplé avec différents systèmes physiques et géophysiques, rétrospectivement, le phénomène découvert n’aurait rien d’étonnant.

    En ce qui concerne le son lui-même, il n’est pas audible à l’oreille humaine, principalement d’ailleurs parce que les fréquences le composant sont comprises entre 100 et 5 000 microHertz. Comme un microHertz correspond à une période de 278 heures, on conçoit aisément l’impossibilité de la chose, surtout si l’on garde à l’esprit le fait que les notes jouées sur un instrument de musique, comme un piano, correspondent à des fréquences de plusieurs centaines d’Hertz. Il est néanmoins possible de transcrire ce son du Soleil dans la bande audible comme on peut le constater dans le lien vidéo donné ci-dessous.

     


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  • je viens de faire une médiévale de la sarraz et dans le parc il se trouve qu'un gardien des  élémentaux gigantesque régne avec bienveillance avec ses grands bras il semble protèger le château et le parc,avec beaucoup de gentillesse il c'est laisser prendre en photo 

     


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    Les cabinets de curiosités désignent au XVIe et XVIIe siècles des lieux dans lesquels on collectionne et présente une multitude d'objet rares ou étranges représentant les trois règnes: le monde animal, végétal et minéral, en plus de réalisations humaines.

     


    Anonyme, Cabinet de curiosités (fin XVIIe siècle). Huile sur toile.

    Avec le développement des explorations et la découverte de nouvelles terres au XVIe siècle, plusieurs princes, savants et amateurs de cette époque se mettent à collectionner les curiosités en provenance des nouveaux mondes. On définit en général le cabinet de curiosités comme un microcosme ou résumé du monde où prennent place des objets de la terre, des mers et des airs (minéral, végétal et animal), à côté des productions de l'homme.

     


    Anonyme, Le Cabinet de Calzolari (ou Calceoloari) à Vérone
    1622, gravure, Bibliothèque Estense, Modène.

    L'objectif des curieux n'est pas d'accumuler ou de répertorier la totalité des objets de la nature et des productions humaines comme le tenteront les encyclopédistes au XVIIIe siècle, mais plutôt de pénétrer les secrets intimes de la Nature par ce qu'elle propose de plus fantastique. En collectionnant les objets les plus bizarres qui l'entourent, le curieux a la sensation de pouvoir saisir, de surprendre le processus de Création du monde.

     

    Le lieu, la pièce
    Il importe de distinguer entre le cabinet comme lieu physique et le cabinet comme meuble. À l’époque il n’y a que des musées privés : les cabinets. En général, on peut les visiter assez facilement avec une lettre d’introduction, mis à part quelques exceptions comme le cabinet de Rodolphe II qui était tenu assez secret. On peut établir une distinction entre les grands cabinets princiers et des grandes familles comme ceux de Rodolphe II, de Mazarin, de Gaston d’Orléans et ceux des amateurs moins fortunés, les érudits par exemple: Peiresc, Ole Worm (médecin suédois).

     

    Le meuble
    Le cabinet est le meuble caractéristique du curieux. Souvent, le meuble lui-même se transforme en précieux objet de collection : on en retrouve en ébène, incrusté d’écailles ou de pierres dures, parfois peint par des artistes de renom.

    Plusieurs auteurs établissent une distinction entre les cabinets du Nord et ceux du Sud. Selon Antoine Schnapper, cette opposition serait trop fortement exagérée. On identifie souvent les cabinets allemands et leurs collectionneurs par exemple à un goût plus poussé pour le bizarre et les éléments les plus spectaculaires. Cette croyance serait liée au fait que l'on associe les collectionneurs du Nord aux princes fastueux, relativement peu cultivés, et essentiellement sensibles à l'aspect esthétique ou insolite des objets. À l'opposé, les collectionneurs du Sud sont perçus comme des humanistes, possédant une culture plus scientifique et une connaissance de l'Antiquité.

    Toutefois, lorsque l'on examine les cabinets italiens de Calceolari, Cospi, Settala ou Moscardo on découvre qu'ils sont tout aussi remplis de bizarreries que ceux du Nord. Un autre exemple atténuant les différences entre le Nord et le Sud est le cabinet du père Athanase Kircher. Originaire du Nord, Kircher s'installe à Rome au XVIIe siècle et rassemble au Collegio Romano un cabinet célèbre dans toute l'Europe. Au XVe siècle cette distinction entre le Nord et le Sud est pertinente mais s'estompe au XVIIe siècle.

    Néanmoins, on remarque certaines disparités entre le Sud et le Nord relativement au contenu antique des collections. Les cabinets italiens et français sont mieux approvisionnés en antiquités romaines que le Nord pour des raisons de proximité. On y retrouve un grand nombre de médailles, pierres gravées, statuettes, vases et objets de culte. Dans le Sud de la France, de nombreuses trouvailles archéologiques alimentent les cabinets provenant en partie des relations commerciales avec l'Égypte.

     

     

     


    Dans son livre « Collectionneurs, amateurs et curieux », Krzysztof Pomian définit la collection de la façon suivante:

    «Une collection ne se définit pas par son contenu. Sa première caractéristique est de rassembler des objets naturels ou artificiels qui sont extraits du circuit d'activités utilitaires et économiques».

     


    Alexandre-Isidore Leroy de Barde
    Choix de coquillages rangés sur des rayons
    1803, gouache et aquarelle.


    Pomian utilise le terme «sémiophore» pour désigner les objets formant une collection. Il s'agit d'un néologisme qu'il a créé pour tenter de déterminer ce qu'ont en commun à la fois des tableaux, des monnaies, des coquillages, bref tous les éléments constituant une collection. Il s'agit d'objets porteurs d'une signification et détournés de leur fonction utilitaire initiale. L'utilisation de ce nouveau terme est importante pour bien cerner ce que contiennent les cabinets de curiosités et ne pas réduire les objets de ces collections seulement qu'aux oeuvres d'art tel que l'ont fait les compilateurs d'inventaires après décès des XVIIIe et XIXe siècles.

    Ce n'est que récemment que l'on a pu estimer plus exactement le contenu et la valeur des collections. Les études plus anciennes sur les cabinets de curiosités portaient essentiellement sur les oeuvres d'art et rejetaient délibérément un grand nombre d'objets considérés au XIXe siècle comme dépourvus d'intérêt. Pourtant, la majorité des cabinets aux XVIe et XVIIe siècles sont constitués d'objets composites et rarement uniquement d'oeuvres d'art.

    Par exemple, Eugène Müntz publia en 1888 les inventaires des Médicis au XVe siècle et écarta tous les objets qui n'avaient pas un rapport direct avec l'art. Müntz commente cet inventaire et critique l'évaluation monétaire du contenu de cette collection. Qu'une corne de licorne ait été payée 6000 florins alors qu'une Adoration des Mages de Fra Angelico seulement 100 florins ou un Van Eyck uniquement 30 florins constituent une aberration pour Müntz.

    La disparition des cabinets de curiosités aux XVIIIe et XIXesiècles et la relocalisation des objets considérés les plus intéressants dans des musées d'art et d'histoire naturelle ont également contribué à occulter toute une partie des collections des Wunderkammern. En ce sens, la définition de Pomian constitue une tentative de réhabilitation du contenu global des cabinets.

    Les cabinets apparaissent à une époque où la science ne se préoccupe pas encore des séries et des lois naturelles mais de l'accidentel. Les curieux ont l'impression de pouvoir saisir l'infinie richesse du monde dans ses produits les plus bizarres. On s'intéresse aux points de passage entre un règne et un autre.

    L'ambiguïté entourant l'origine des fossiles et du corail par exemple éveille la curiosité. On s'interroge sur leur nature, s'ils sont d'origine végétale ou minérale. Ces objets semblent être dans une phase intermédiaire entre deux états et la confusion qui règne à leur sujet provoque l'intérêt. On espère surprendre les secrets de la création dans ces phénomènes transitoires. Toute chose répondant à ces critères sera donc avidement recherchée.

    Certains de ces objets bénéficient d'un prestige supplémentaire lorsque les auteurs antiques les mentionnent: Aristote, Pline, Théophraste, Dioscoride, etc. Ils deviennent encore plus prisés si ces auteurs rapportent quelque stupéfiante vertu magique à leur propos: mentionnons par exemple, le rémora, petit poisson qui aurait la capacité d'arrêter un navire dans sa course en se collant à lui.

     


    Rémora (Echeneis naucrates)
    Bordeaux, muséum d'Histoire naturelle.

     

    On s'intéresse également aux objets qui viennent de loin dans le temps ou dans l'espace: objets antiques, papier de Chine, momies d'Égypte, chaussures indiennes, etc.

    Les collections des XVIe et XVIIe siècles sont organisées selon deux grands axes: les naturalia ou choses de la nature et lesartificialia ou objets créés par l'homme. À partir de la Renaissance, deux nouvelles catégories d'objets viennent compléter les collections d'amateurs et élargir le champ temporel et spatial des sémiophores: les antiquités et les objets exotiques ou exotica rapportés massivement par les voyageurs et les marins.

     

     

    Anonyme, Le Cabinet de Calzolari (ou Calceoloari) à Vérone
    1622, gravure, Bibliothèque Estense, Modène.

     


    Anonyme
    Le cabinet de Manfredo Settala à Milan
    1664, gravure.

     


    Anonyme
    Le cabinet de Ferrante Imperato à Naples
    1672, gravure, Bibliothèque Estense, Modène.

     


    Anonyme
    Le cabinet de Ferdinando Cospi à Bologne
    1677, gravure, Bibliothèque Estense, Modène.

     


    Anonyme
    Le cabinet d'Ole Worm
    1655, gravure, Bibliothèque Estense, Modène.

     


    Gravé par Ertringer
    Cabinet Ste-Geneviève à Paris
    1688, gravure, Bibliothèque nationale, Paris.

     


    N. Chevalier
    Huitième des planches illustrant les 
    Remarques sur la pièce antique...
    1694, gravure.

    et pour en savoir plus rdv sur les pages suivantes 

     http://pages.infinit.net/cabinet/index.html

     http://curiositas.org/document.php?id=1937

     

    et un que j'aime un peu plus que les autres

     http://camille-renversade.blogspot.com/

     

     


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