• le culte des vierges noires

     http://www.ledifice.net/7422-1.html

     Les Vierges noires 

     La Vierge noire d'Einsiedein

     Une Vierge peu conforme au dogme chrétien

    En général les Vierges noires portent un enfant, souvent sur le genou gauche. Elles sont l’objet de pèlerinages et on leur accorde un grand pouvoir de guérison et de fertilité.
    La plupart de ces vierges ont causé beaucoup de souci à l’Eglise catholique. Dès qu’elle le peut, l’Eglise les escamote sans trop choquer les populations locales.

    Depuis le XIXe siècle, beaucoup de ces Vierges noires ont été remplacées par des représentations plus conformes au modèle marial.
    Souvent, elles ont tout simplement été repeintes en blanc.

     Vierge noire de Montserrat

     http://www.dinosoria.com/vierge_noire.htm

     Ces Madones ont parfois un air oriental et un peu byzantin. Elles sont auréolées de nombreuses légendes.

    La Vierge noire de Tindari aurait été retrouvée dans un coffret mystérieux échoué sur la plage. Celle de Loreto se serait brutalement matérialisée en mai 1291 dans une construction.

    La Vierge, surtout quand elle était noire, a tenu une place considérable dans la spiritualité chrétienne du Moyen Âge. Elle deviendra la protectrice des Chevaliers du Temple, et plus tard, celle de l’ordre des chevaliers Teutoniques.
    Elle figurait sur les bannières des hommes de guerre, qui organisaient des tournois en son honneur.

    Les grandes cathédrales gothiques étaient les temples de cette nouvelle déesse. Entre 1170 et 1270, pas moins de 80 cathédrales dédiées à Notre-Dame et 500 églises seront édifiées à sa gloire.
    La plus grande partie de ces monuments seront bâtis sur des sites déjà consacrés par la présence d’une statue de Madone, le plus souvent noire et généralement préchrétienne.

     Vierge noire

     

     

     Vierge noire de la cathédrale de Tarragone, en Espagne. Elle a été copiée sur celle de Montserrat. © dinosoria.com

    A Rome, on refusait alors la distinction entre les Vierges « noires » et les Vierges « blanches ».
    La couleur noire était expliquée rationnellement : par la fumée des cierges, par l’âge et l’oxydation ou par la noirceur des pêchés des fidèles !

    En réalité, on omettait de préciser que ces statues avaient intentionnellement été taillées dans des matières noires et que cette couleur avait été délibérément choisie.


     Faites le plus souvent de pierre ou d’ébène, ces Vierges sont toujours somptueusement parées. Curieusement, elles portent presque toujours une couronne. Elles sont associées à des cultes de la Lune ou des étoiles. Il s’agit donc d’une pratique qui nous ramène à l’ère préchrétienne. Ces rites perpétuent des cultes païens en l’honneur de divinités féminines.

     Les Vierges noires dans le monde

    Jusqu’au XVIIIe siècle, les pèlerins qui se rendaient à Chartres observaient un rite mystérieux qui n’avait rien de chrétien.
    Après avoir prié dans l’abbaye et entendu la messe, ils descendaient, par un passage situé au nord de l’église, dans une crypte souterraine.
    Là, ils adoraient en silence une statue d’ébène, Notre-Dame-de-Sous-Terre. Celle-ci était une femme assise qui tenait un enfant dans ses bras.
    La tête de la statue était couronnée et, à ses pieds, on pouvait lire l’inscription latine : Virgini pariturae (La Vierge devant enfanter).


     Les Templiers

     

     

     Détruite sous la Révolution, cette statue de la Vierge noire sera refaite au XIXe siècle et, depuis, elle est vénérée sous le nom de « Vierge au pilier ».

    On sait également que, depuis toujours, une Vierge a été vénérée sur le site de Chartres et que le fameux puit a probablement été creusé par les anciens Celtes, ou bien par ceux qui les ont précédés.

    A Montserrat, en Espagne, on adore une statue semblable à celle de Chartres.

    A Crotone, en Italie, sur le promontoire qui surmonte le golfe de Tarente, il existait autrefois un temple dédié à Hera Lacinia, la déesse romaine de la Lune et la protectrice des femmes. L’église de Crotone comme la cathédrale de Chartres ou celle de Montserrat abritent encore une statue de « femme noire ».


     Ces trois Vierges noires sont loin d’être les seules à être vénérées en Europe. On estime leur nombre à une quarantaine sur notre seul continent.

    Les sites les plus importants sont Einsiedeln en Suisse, Rocamadour, Dijon, le Puy et Avioth en France, Orval au Luxembourg, Loreto, Venise ou Rome en Italie.

     Des Vierges non chrétiennes

    Il faut se rendre à l’évidence que ces Vierges noires nous mettent en présence de cultes qui dépassent les dogmes chrétiens sur la virginité de la « Mère de Dieu ».

    Presque tous les aspects de ce culte laissent transpirer un paganisme originel, resté incroyablement vivace après des siècles de christianisation et de chasse aux superstitions.

    La plupart de ces Vierges noires sont liées à des rites de fertilité, de fécondité et de sexualité. Ce ne sont pas là les attributs ordinaires de la Vierge chrétienne.

     La Vierge noire d'Einsiedein

     Ces statues sont chargées d’un symbolisme bien éloigné de celui de la mère du Christ. Leur sens dépasse la symbolique chrétienne. 

    Mais, de quel passé lointain, nous arrivent-elles ? Pourquoi avoir choisi le « noir » ? Représentent-elles un hommage à des visiteurs à la « peau noire « ?
    Quel message nous apportent-elles ? Et comment sont-elles arrivées jusqu’en Europe et par qui ?

    V.Battaglia 


    <start><start><start><start><start><start><start> </start></start></start></start></start></start></start>La Vierge noire du Puy

    Au XIIIe siècle, Louis IX,  plus connu sous le nom de saint Louis,  révérait  avec ferveur la Madone du Puy. 
    Au cours de la croisade lancée contre les musulmans du Proche-Orient, le roi est fait prisonnier.

    Cependant, 1e sultan est séduit par les qualités humaines de ce saint homme. Très impressionné, il lui offre un présent, à choisir dans la salle du Trésor. Saint Louis choisit une étrange statue : une Madone noire, haute d'une soixantaine de centimètres, la tête ceinte d'une couronne de cuivre, un enfant dans les bras.

    vierge noire du Puy

    Vierge noire du Puy. © dinosoria.com

    Cette statue faisait partie du trésor musulman depuis des siècles. Les sarrasins la tenaient en grand respect et affirmaient qu'elle avait été sculptée par le prophète Jérémie en personne.

    Le roi la ramènera en France et l'installera au Puy, à la place d'une ancienne Madone noire. C'est ainsi qu'au moins une des Vierges noires adorées en France est d'origine proche-orientale.
    Elle n'est sans doute pas la seule.

     Symbolisme de la Vierge noire

    La Madone noire devait être à l'origine une déesse de la Fertilité, très largement antérieure au christianisme. Ces déesses étaient probablement adorées dans toute l'Europe et tout le Proche-Orient, de l'Égypte à la Perse. 
    Sous des noms différents, elles incarnaient les mêmes symboles. Leur culte s'est d'ailleurs prolongé pendant des siècles : à Éleusis, le culte de Déméter est ainsi attesté jusqu'en 1801.

    Demeter

    Demeter. By Sebastia Giralt . Licence

    La déesse mère est une divinité assez complexe. Elle représente à la fois le Bien et le Mal, la Création et la Destruction, la Lumière et l'Obscurité. Elle symbolisait, dès la plus haute Antiquité, les différents aspects de la nature et ses aléas : les tempêtes, les sécheresses et les famines, ainsi que les moissons abondantes et les bonnes saisons.

    Tantôt chaste, tantôt d'une impudeur totale, la déesse mère était la dualité même. Elle était donc souvent représentée avec un visage mi-blanc mi-noir. Ou avec des vêtements aussi bien noirs que blancs. On rapporte l'existence, dans certains lieux de culte païens ou chrétiens, de deux statues identiques, l'une noire, l'autre blanche.

    vierge noire

    Vierge noire en Belgique. By c.s Belgium . Licence

    L'ancienne déesse mère était souvent associée à la Lune. Comme la Lune influence les marées, elle était donc liée à la mer et elle protégeait les marins, qui l'appelaient Stella Maris (Étoile de la Mer). Plus tard, elle sera assimilée à l'étoile Polaire ou à Vénus.
    Comme la Lune, Vénus a le double aspect d'étoile du soir et d'étoile du matin. Étoile du matin, elle était considérée comme néfaste. Cette tradition se retrouve dans le judéo-christianisme : l'étoile du matin est souvent associée à Lucifer (du latin : lux fero, «Je porte la lumière »).

     La déesse mère

    A travers le monde, la déesse mère a été vénérée sous de multiples noms.

    En Egypte, on adorait la déesse mère sous le nom d’Isis. Elle était souvent noire et tenait son fils Horus sur les genoux. La Madone égyptienne ramenée des croisades par Louis IX était probablement une représentation de la déesse Isis.

    Isis

    Isis et son fils Horus. By Jeff Kubina . Licence

    En Syrie du Nord ou à Babylone on la connaissait sous le nom d'Ishtar, l'autre nom de la planète Vénus chez les peuples du Croissant fertile. Comme Isis, Ishtar était souvent noire et mêlait influences positives et influences négatives.

    Chez les Phéniciens, la déesse mère était Astarté. Souvent représentée sous la forme d'une colombe, Astarté était parfois bicolore, mi-blanche, mi-noire. On l'adorait également sous la forme de «pierres tombées du ciel », d'origine météorique. La Pierre noire, vénérée par les musulmans à La Mecque, s'enracine sans doute dans cette tradition.

    Dans l'Ancien Testament, il est souvent fait mention d'Astarté, qui apparaît comme étant une des adversaires principaux de Jéhovah, le dieu patriarcal d'Abraham et de Moïse. A plusieurs reprises, en effet, le peuple élu a osé abandonner son dieu pour Astarté, la « Reine des Cieux ». Le prophète Jérémie blâme très vigoureusement ses compatriotes de retourner au culte d'Astarté. Ce qui implique que ce culte était auparavant la norme religieuse.

     Propagation du culte de la Vierge noire

    Les Phéniciens ont contribué à diffuser ce culte tout autour du bassin méditerranéen.

    Les légionnaires romains ont contribué à  l'implantation de ce culte. Il est certain que l'Europe pré-romaine adorait déjà les déesses mères. Certains sites, comme Chartres ou Le Puy, étaient des centres druidiques de premier ordre, où les fidèles rendaient déjà hommage à des Vierges noires très anciennes.

    On sait que les tribus celtes du pays gaulois adoraient Belen, dont la sœur et l'épouse était Belisama, la Vierge noire. Il est probable que la Vierge noire adorée à Chartres, des siècles avant la cathédrale chrétienne, était une représentation de Belisama.

    Avec la colonisation romaine, les déesses mères occidentales ont été assimilées à leurs consœurs du panthéon romain. Arduina, la déesse protectrice des Ardennes, sera ainsi fondue avec Diane, la déesse romaine de la Lune (ou Artémis en grec).

    Artemis

    Diane ou Artemis. By Sebastian-Dario . Licence

    Le côté positif de la Lune restera à Diane, tandis qu'Arduina conservera le côté mystérieux et obscur. Ce qui fera d'elle une Vierge noire idéale.

     Le christianisme et la Vierge noire

    Il est évident que le judaïsme comme le christianisme ont cherché à effacer les traces du culte de la déesse mère. Les premiers chrétiens la transformeront en dieu mâle. Leurs successeurs en feront Astaroth, un des fidèles serviteurs de Satan.

    Religion essentiellement patriarcale, le christianisme avait tout  pour rebuter les peuples européens. Pour convertir les païens, l'Eglise devra introduire le culte de la Vierge Marie et tenter de l'harmoniser avec les traditions religieuses locales. Un exemple de cette harmonisation : la célébration de l'Assomption de Marie le 15 août est également le  jour d'une des principales célébrations de la déesse Diane.

    Vierge Marie et Jésus

    La Vierge Marie et Jésus. By andy castro Licence

    Au Moyen Age, Marie a fini par prendre d'autres traits des déesses mères et par se faire appeler couramment Reine des Cieux ou Etoile de la Mer. 
    Pourtant, cette nouvelle Marie n'avait plus grand-chose de commun avec la Mère de Dieu des Évangiles. 
    Elle était restée, en fait, une déesse mère à peine recouverte d'un mince vernis chrétien.

    L'Église allait donc essayer de promouvoir une vraie Marie, plus conforme à son idée de la femme : pure, immaculée, chaste et asexuée. Une Marie totalement dépourvue de son caractère féminin et de toute son ambivalence païenne.

    Vierge Marie

    Vierge Marie. By Lawrence OP Licence

    Trop parfaite pour être vraie, cette nouvelle Marie n'avait rien d'attrayant pour les fidèles. D'où la mise en place d'une seconde Marie, qui prendrait en charge les éléments obscurs et «  trop féminins » des anciens cultes païens. Ce sera Marie-Madeleine, qui représentera tout ce que la Mère de Dieu n'était pas et qui prendra souvent le visage des fameuses Madones noires.

    Vierge noire

    Vierge noire de Montserrat en Espagne. By Greg Gladman Licence

    Terrestres plutôt que célestes, liées à la fertilité, au monde souterrain, à la sexualité, dotées de pouvoirs miraculeux bien peu chrétiens, les Vierges noires chrétiennes seront ainsi théoriquement vouées à Marie-Madeleine, la supposée et contestée compagne de Jésus, plutôt qu'à sa mère.

     Croyances celtiques et Vierges noires

    Les Vierges noires paraissent avoir été vénérées comme des symboles astronomiques et astrologiques de ces courants d'énergie souterrains que l'on nomme « telluriques».

    Les lieux où nos ancêtres adoraient les Vierges noires n'étaient pas choisis au hasard.

    Aux yeux des Celtes, la Terre était un organisme vivant,  la Grande Mère,  d'où procédait toute vie. Comme un corps, la Terre était nourrie par tout un réseau d'artères cachées sous sa surface.
    Le réseau terrestre était parcouru par une sorte d'énergie impalpable. Cette énergie et les courants qui la portaient avaient un nom : c'était la Wouivre, le « serpent ».

    Vierge noire

    Vierge noire de Częstochowa. St Patrick's Cathedral. New York. By jimbowen0306 Licence

    Les Celtes faisaient appel à l'existence de la Wouivre pour expliquer certains phénomènes naturels, comme les cours d'eau souterrains, les différences entre les couches géologiques ou les propriétés magnétiques de certaines eaux.
    Les points de rencontre de plusieurs de ces artères devenaient des lieux sacrés, reconnus comme « centres d'énergie ». 
    Tous ces points de rencontre étaient signalés, quelle que soit leur importance, par un menhir ou une statue sacrée. Les Vierges noires marqueront les plus importants carrefours de la Wouivre.

    Les menhirs et les Madones noires étaient réputés pour leurs dons de guérison et de fécondité. Ils étaient censés se comporter comme des «condensateurs d'énergie » : ils attiraient, conservaient et amplifiaient en les concentrant les influences bénéfiques de la Terre et du cosmos. Ces lieux sacrés étaient ainsi l'objet de nombreux pèlerinages, des centaines et peut-être même des milliers d'années avant les prédicateurs chrétiens.
    Pour l'antique esprit païen de l'Europe, l'homme et la nature étaient indissociables. La séparation ne s'imposera que plus tard, avec le christianisme. Chez les peuples européens, l'homme faisait partie de la nature, au même titre que les animaux, les végétaux ou les minéraux.

    Il avait envers cette nature autant de droits que de devoirs.

    Vierge noire

    La "Vierge au pilier" de la cathédrale de Chartres© dinosoria.com

    Dans leur forme première, les pèlerinages n'étaient pas vraiment d'essence religieuse et magique. Ils avaient surtout comme objectif d’assurer  un contact privilégié avec les énergies de la Terre. A chaque étape importante, il trouvait une Vierge noire.

    Il existe une théorie selon laquelle le tracé des anciens pèlerinages reproduit celui de certaines constellations. On sait effectivement aujourd'hui que les pierres levées de Stonehenge servaient de calendrier cosmique à nos ancêtres. Cette théorie est intéressante mais demande à être prouvée.

    Stonehenge

    Stonehenge. By chasingdaylightphotography Licence

    L'Église ne pouvait pas détruire les anciens lieux sacrés. Il fallait donc se les réapproprier en construisant des cathédrales sur les anciens lieux où se manifestait la Wouivre. Dans certains lieux de culte chrétiens, il est encore possible de voir l'antique menhir qui marquait le pèlerinage païen. Souvent, l'autel même sur lequel se déroule la messe est fait de l'ancienne pierre sacrée.


     
     

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  • Commentaires

    1
    SIRENE26
    Mardi 2 Novembre 2010 à 22:21
    Tous les ans, le 24 mai, a lieu aussi le pélerinage des gitans, aux Saintes-Marie-de- la Mer qui eux vénérent aussi leur vierge noire - "Ste SARA" connais tu leur histoire?
    2
    cieletenfer Profil de cieletenfer
    Mercredi 3 Novembre 2010 à 06:53
    oui je connais son histoire j'ai écris un livre sur les saints protecteurs qu'on trouve en fnac d'ailleurs
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    3
    SIRENE26
    Mercredi 3 Novembre 2010 à 08:40
    pour ton livre, ça m'interesse - j'irai voir à la fnac - mon mari était gitan, mais je ne connaissais pas grand chose sur leur vie et légendes - j'ai une amie qui est gitane depuis des décennies, elle a vécu en roulotte etc...et m'as appris beaaucoup de choses là dessus - je lui offrirai ce livre, et j'en achéterai un autre pour moi
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