•  http://www.dark-stories.com/gilles_de_rais_barbe-bleue.htm

     

     Pour le peuple de Bretagne, ce jour de septembre 1440 devait sans doute représenter la fin du monde. N’avait-on pas arrêté le puissant Gilles de Rais, l’un des plus grands seigneurs du royaume ? Ne l’avait-on point accusé d’avoir commis des sacrilèges, des actes de sorcellerie et, surtout, des assassinats rituels de plusieurs jeunes enfants?

    Même dans une cour aussi brillante et dispendieuse que celle du royaume de France au XVe  siècle, peu d’hommes avaient connu une ascension aussi rapide que Gilles de Rais. Héritier de la grande baronnie de Bretagne, il avait combattu les anglais aux cotés de Jeanne d’Arc et s’était retrouvé maréchal de France à vingt-quatre ans. Sa richesse était prodigieuse, seul le roi possédait des châteaux plus nombreux et plus beaux que lui.

    Puis le destin avait frappé. On l’accusa de d’héberger un magicien italien, Francesco Prelati, et d’avoir, avec son aide, enlevé et tué des centaines d’enfants. Leur sang lui aurait servi à préparer des potions magiques, destinés à lui assurer la victoire sur ses ennemis. Il aurait été le mentor de Barbe Bleue.

    Le 21 octobre, le maréchal de France avoua tous les crimes dont on l’accusait. Il expliqua qu’il avait simplement agi pour assouvir ses passions. Il fut pendu à Nantes, ainsi que ses complices, dans la semaine qui suivit. Bien peu nombreux étaient ceux qui doutaient encore de sa culpabilité.

    Gilles de Rais, mieux connu sous le nom de Barbe Bleue

     

     

     

    La personnalité même de Gilles de Rais donnait prise aux accusations de sorcellerie. Il se souciait fort peu de la morale traditionnelle et s’adonnait à l’alchimie, à la magie noire et à la sorcellerie. Ses excès de table, ses débordements sexuels et ses extravagances étaient bien connus. Ces débordements seront aussi associés au personnage mythique de Barbe Bleue.

    Mais le procès s’était tenu à huis clos et les doutes subsistèrent. Les écuyers du baron avaient sans doute été torturés ; le sir de Rais lui-même avait dû subir le même traitement. Fallait-il croire à ses aveux ? Et s’il avait été victime d’une machination ourdie par Jean, duc de Bretagne, qui rêvait de s’emparer des terres du maréchal ?

    Mais alors, pourquoi, s’il était innocent, aurait-il confessé des crimes aussi abominables? Il existe une explication vraisemblable. Gilles de Rais savait qu’un fois sous le pouvoir de ses ennemis, il serait pendu. Il se serait uniquement préoccupé de préserver sa famille et ses biens.

    S’il avait nié sa culpabilité et qu’on l’eut pourtant jugé coupable, ses terres et ses biens auraient été confisqués. En revanche, s’il confessait ses crimes et mourait dans le repentir, les lois du royaume stipulaient qu’au moins une partie de ses biens irait à ses enfants.

    C’est ce qui se produisit en effet : si ses châteaux furent donnés au duc de Bretagne, la plus grande partie de ses richesses resta aux mains de sa famille qui ne connut pas de véritable disgrâce. Certains de ses membres remplirent même d’importantes fonctions au service du roi – mais aucun ne deviendra aussi riche et puissant que Gilles de Rais, le légendaire Barbe Bleue.


    Barbe Bleue au cotés de Jeanne d'Arc ?

    Le fait qu'un criminel présumé de cette ampleur ait côtoyé Jeanne d'Arc, a fait couler beaucoup d'encre chez les écrivains, qui ont fantasmé autour de ce « démon à côté d'un ange ». Les écrits de l'époque ne nous permettent en fait que de faire des spéculations invérifiables sur le relationnel de Gilles et de Jeanne. Il semblerait néanmoins que Gilles de Rais n'ait commencé ses forfaits supposés qu'après l'épopée de Jeanne. Il est probable en revanche que, fidèle à son éducation et à ses habitudes, Barbe Bleue ait eu un tempérament violent lors des campagnes militaires. Si Gilles de Rais a régulièrement manifesté pendant sa vie des comportements de personne influençable et croyante, il était proche du parti de la Trémoille, qui n'était pas admirateur de Jeanne d'Arc. Il demeure donc difficile de spéculer sur les relations entre Gilles et Jeanne.

     

       

     

     

     


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  •   http://qe.catholique.org/le-mal/6104-les-possessions-diaboliques-mythe-ou-realite

    Les possessions diaboliques : mythe ou réalité ?

     

    Comment reconnaître un cas de possession ? Peut-on être possédé et en état de grâce ? Que faire devant une possession ? Les pactes avec le démon, ça existe vraiment ? Qui peut faire un exorcisme ? Comment se protéger contre les possessions ?

     

     

     

     

    Ce que dit l’Eglise

    L’Eglise affirme que les démons ont vraiment le pouvoir de posséder ou d’obséder les corps des hommes comme celui des objets matériels.

    La possession est le phénomène par lequel le démon envahit le corps d’un homme et en prend le contrôle. Les deux éléments fondamentaux de la possession sont :

    -  La présence d’un ou plusieurs démon(s) dans sa victime. 
    -  Le commandement « despotique » du démon sur elle.

    L’infestation est la présence d’un démon dans un objet matériel.

    Les personnes qui souffrent d’une possession sont appelées : énergumènesobsédésdémoniaques oupossédés.

    On a affaire à un exorcisme lorsque l’Église demande, avec son autorité, au nom de Jésus, qu’une personne ou un objet soit protégé contre l’emprise du Malin et soustrait à son empire. Sous sa forme simple, il est pratiqué lors de la célébration du Baptême. L’exorcisme solennel, appelé grand exorcisme, ne peut être pratiqué que par un prêtre et avec la permission de l’Évêque.

    Que disent les Evangiles ?

     

     

     

     

    L’Evangile cite de nombreux cas de possessions : il y a par exemple le possédé de Gerasène, que Jésus libère de ses « légions » de démons (Mc 5.1-13) ou le possédé que Jésus exorcise dans la synagogue de Capharnaüm après que ce dernier eut tenté de l’agresser (Mc 1.13-27). Les Evangiles notent que Jésus, pendant sa vie publique, « chassait de nombreux démons » ( Mc 1.34) et que les gens qui assistaient à ces premiers exorcismes étaient stupéfaits « car Jésus avait autorité sur eux » (Lc 4.36).

    Jésus envoie ses disciples avec le pouvoir de chasser les démons (Mc 6.7) et précise que certains genres de démons « ne peuvent être chassés que par la prière » (Mt 17.21). Lors des exorcismes pratiqués par Jésus, se révèle clairement sa divinité : les démons le craignent et reconnaissent en lui « le Saint de Dieu » (Lc 4.34).

    Son pouvoir d’exorciste lui sera d’ailleurs objecté par ses détracteurs. Certains juifs accusaient en effet Jésus de tenir son pouvoir du démon (Mc 3.22-30). Mais Jésus leur répond habilement en poussant leur raisonnement jusqu’à l’absurde : s’il chassait les démons par un pouvoir démoniaque, cela signifierait que le royaume de Satan est divisé, ce qui n’a aucun sens.

     

     

    Satan est le protagoniste principal de la mort de Jésus : Jésus avait en effet affirmé que par sa passion, « le prince de ce monde serait jeté dehors » (Jn 12.31). Cet holocauste permettra donc à Jésus de « racheter » l’humanité de ses péchés. Le démon craint cette victoire de Jésus ; il avait même affirmé que « le monde lui appartenait » (Lc 4.6). Satan tente donc de dissuader Jésus (Lc 4.13 ; Mt 16.36-46), et il va simultanément déchaîner sa haine contre le Fils de Dieu : c’est l’heure des ténèbres. Satan pénètre dans le cœur de Judas (Jn 13.27), le « fils de la perdition » (Jn 17.12), qui va livrer Jésus au Sanhédrin avant d’aller se pendre.

    Par la Résurrection, Satan est définitivement vaincu, ce qui le place dans une situation extrême : il ne peut se convertir mais connaît sa défaite et est donc désespéré. C’est justement dans ce royaume du désespoir, de la désolation, qu’il essaie d’attirer les hommes. En effet l’homme est la créature préférée de Dieu, et donc celle que Satan hait le plus, et par sa liberté l’homme peut refuser Dieu jusqu’à l’extrême de la condamnation éternelle. C’est là qu’il veut le mener, par cause de sa haine et pour se venger ; et pour cela il ment continuellement à l’homme, lui qui est « menteur et père du mensonge » (Jn 8,44).

    C’est pourquoi Jésus, dans la prière qu’Il nous a laissée, nous invite à demander à Dieu : « Délivre-nous du Mal ». Le catéchisme commente (CEC 2851) : « dans cette demande, le Mal n’est pas une abstraction, mais il désigne une personne, Satan, le Mauvais, l’ange qui s’oppose à Dieu. Le « diable » (dia-bolos) est celui qui « se jette en travers » du dessein de Dieu et de son œuvre de salut accomplie dans le Christ ».

     

     

    La grandeur de ce combat est représentée en particulier dans le livre de l’Apocalypse de saint Jean : lorsque la victoire sur le « prince de ce monde » (Jn 14,30) est acquise, celui-ci « se lance à la poursuite de la Femme » (Ap 12,13), mais il n’a pas de prise sur elle : Marie, la nouvelle Eve, est préservée du péché et de la corruption de la mort. « Alors, furieux de dépit contre la Femme, il s’en va guerroyer contre le reste de ses enfants » (Ap. 12, 17). C’est pourquoi l’Esprit et l’Eglise prient : « viens, Seigneur Jésus » (Ap 22,17) puisque sa Venue nous délivrera définitivement du Mauvais.

    Quels sont les différents genres de possession ?

    On peut classifier les cas de possession en quatre groupes, suivant deux critères : le consentement de la personne et son état de grâce. La plupart des cas de possession proviennent de cérémonies occultes : spiritisme et rituels sataniques.

     

     

     

    -  1er cas : La victime est en état de grâce et consent à la possession. C’est un cas assez rare, mais qui est rapporté par certains exorcistes. Il arrive que Dieu donne à certaines âmes la possibilité de souffrir jusque dans leur corps la présence d’un démon pour pouvoir affermir leur désir d’aimer Dieu et de renoncer au péché. On connaît le cas, au XIXème siècle, du Père Surin qui fut possédé par un démon alors même qu’il réalisait un exorcisme ; ses mémoires, en ce sens, ont été très précieuses pour montrer que le démon n’a en fait aucune influence directe sur la volonté de sa victime. Il ne fait que susciter des tentations... Mais il ne faut pas confondre ce cas avec celui des âmes qui s’offrent à Dieu comme « victime d’oblation » pour le salut des âmes (Ste Thérèse de Lisieux, Marthe Robin,...). Il peut aussi arriver dans certains cas que le démon s’en prenne à des personnes avec acharnement à cause du bien qu’ils font au monde : Le saint curé d’Ars et le Padre Pio avaient l’habitude de se battre « physiquement » contre le démon durant des nuits entières. Et il n’était pas rare qu’ils apparaissent le matin tout couverts de contusions... et que dans la journée un grand pécheur vienne se confesser.

    -  2ème cas : La victime est en état de grâce, mais ne consent pas à la possession. Ce cas, que l’on trouve dans l’Evangile (le jeune homme possédé depuis l’enfance Mt 17.14-21), est peut-être plus fréquent qu’on ne le pense. Il est difficile à comprendre car il nous semble, à première vue, assez injuste... « Qu’a donc fait cette personne de mal pour mériter une telle souffrance ? »La foi nous apprend cependant que Dieu n’est pas la cause du mal et qu’il n’accepte un mal que pour en faire sortir un plus grand bien. On a vu en effet des familles entières revenir à la foi et aux sacrements grâce à ce genre d’épreuve. Ce cas se produit rarement, pour ne pas dire jamais, dans les personnes qui ont une profonde vie spirituelle et sacramentelle. Certains exorcistes indiquent que cela peut se passer quand le rituel du baptême a été tronqué du cérémonial d’exorcisme, par négligence ou présomption.

     

     

     

    -  3ème cas : La victime n’est pas en état de grâce, mais n’est pas pour autant consentante à la possession.Il s’agit en fait d’un châtiment de Dieu dû à un enracinement profond dans le péché. Dieu « permet » cette possession à cause de l’endurcissement du cœur de l’homme. Thyrée (De daemoniacis, I pars, ch. 30, n° 9-23) signale principalement les désordres d’infidélité, d’apostasie, d’abus de l’Eucharistie, de blasphème, d’orgueil, les excès de luxure, de paresse, la persécution contre les serviteurs de Dieu, le manque de respect contre les parents, les violences de la colère, le mépris de Dieu et des choses saintes... Il arrive que ces personnes aient eu une certaine vie spirituelle. Mais à force de pécher, de ne pas pratiquer leur foi, l’eau chaude est devenue tiède, puis froide... puis a littéralement gelé. Alors le démon peut très facilement prendre « les commandes » de cette âme, comme il le fit avec le malheureux Judas (Jn 13.27). Dans ce cas, le démon conduit généralement sa victime au désespoir en la forçant à commettre des péchés très graves. La victime reçoit une image tant détestable d’elle-même qu’elle ne peut plus se supporter. Elle tombe dans la schizophrénie et la dépression. Cela s’achève souvent - c’est la victoire du démon - par un suicide. C’est aussi dans cette catégorie que l’on peut classer ceux qui, non baptisés, n’ont jamais eu accès à la vie de grâce.

    -  4ème cas : La victime n’est pas en état de grâce et est pleinement consentante à la possession. Ce cas provient d’un « pacte » établi avec Satan. Dans ce cas, le possédé devient complice du démon et reçoit généralement des « dons obscurs » qui lui permettent de multiplier ses forces pour répandre le mal dans le monde. Il y a alors une sorte « d’inversion » de l’ordre de la grâce : le possédé reçoit des pouvoirs et une protection particulière tant que ces derniers peuvent lui être utiles. Cependant, il ne faut pas croire que le démon devienne l’« ami » de celui qui pactise avec lui, car le diable n’a pas d’ami, il n’a que des victimes. Ceux qui se prêtent à ce triste jeu peuvent avoir un instant l’impression d’avoir gagné l’amitié de Satan. Qu’ils ne se fassent pas d’illusion : le diable les méprise autant que tous les êtres humains, race largement inférieure à sa nature angélique et pourtant préférée du Créateur.

    Comment reconnaître un cas de possession ?

    Le Catéchisme de l’Eglise Catholique rappelle qu’il convient avant tout de bien distinguer les maladies psychiques des véritables cas de possession démoniaque (CEC 1673). Le Rituel romain, quant à lui, au chapitre « De exorcizandis obsessis a daemonio », donne quelques « signes » qui permettent de diagnostiquer les cas de réelle possession diabolique :

    -  Le fait de parler des langues non connues par la victime (le latin, par exemple).

    -  L’esprit de blasphème, d’horreur instinctive ou inconsciente des choses saintes, en particulier la haine contre le Christ et la Sainte Vierge.

    -  La révélation de choses cachées ou futures, sans raison naturelle qui puisse l’expliquer (attention, le démon ne possède pas la connaissance du futur. Mais parce qu’il est de nature angélique, il peut avoir une connaissance « conjoncturelle » beaucoup plus grande que la nôtre.)

    -  L’utilisation d’une force qui dépasse les capacités humaines (la victime peut lever toute seule une charge que plusieurs personnes ne pourraient pas lever.)

    -  Phénomènes d’apesanteur : voler, comme si le possédé avait des ailes ; se maintenir en l’air, sans point d’appui ; marcher sur le plafond, la tête dirigée vers le sol, etc.

     

     

    Comment libérer quelqu’un d’une possession démoniaque ?

    L’exorcisme vise à expulser les démons ou à libérer de l’emprise démoniaque et cela par l’autorité spirituelle que Jésus a confiée à son Église (CEC n° 1673). L’Eglise demande beaucoup de prudence à cause de la délicatesse et de la gravité du problème. L’exorcisme solennel, appelé " grand exorcisme ", ne peut être pratiqué que par un prêtre et avec la permission de l’évêque. Il faut y procéder avec prudence, en observant strictement les règles établies par l’Église. Le Code de Droit Canon précise que le prêtre qui reçoit la licence de pratiquer l’exorcisme doit être doté de piété, de sagesse, de prudence et d’intégrité de vie (Can 1172). Il convient donc à l’exorciste de discerner s’il s’agit d’une maladie psychique ou d’une véritable possession. Ensuite, il faut distinguer les cas aptes à l’exorcisme (Le 1er et le 4ème cas ne conviennent pas, car ils découlent d’un consentement libre à la possession du démon : ils ne peuvent donc être annulés que par une décision personnelle exprimée à travers un profond repentir et une confession sacramentelle.) Dans tous les cas, l’exorcisme n’est vraiment efficace que s’il est suivi par une décision personnelle de renoncer à Satan (promesse du baptême) et par un retour aux sacrements. Sinon, la possession risque de revenir, et d’être encore pire que la précédente (Cf. Mt 12.43-45)

    Le prêtre qui procède à l’exorcisme (ainsi que les personnes qui retiennent le possédé pendant l’exorcisme) doivent être eux-mêmes en état de grâce, avoir une profonde vie intérieure, et ne pas avoir dans le passé été possédés ou très affectés par le péché. L’exorcisme ne convient pas aux personnes émotives, ni aux personnes colériques. Sachant que les démons sont, à l’égal de leur chef, les « pères du mensonges », l’exorciste doit posséder une très grande humilité pour ne pas être affecté par les insultes du démon.

    Jean-Paul II, exorciste

    On raconte de nombreux cas d’exorcisme pratiqué par Jean-Paul II. En voici un parmi d’autres, raconté par le photographe officiel du Pape, Arturo Mari :

    -  Je me souviens que durant une audience générale ils ont fait venir une fille, très particulière. À un moment de l’audience, elle s’est mise à hurler. Sa voix n’était pas humaine, elle ressemblait à celle d’une bête ou, plus exactement, elle semblait venir d’outre-tombe. La jeune fille prononçait des paroles très violentes, imprégnées de colère et de haine. Le vice gouverneur, Monsignore Danzi, est descendu, il a cherché à lui parler mais sans aucun effet. Aussi la fille se déchaînait-elle encore davantage, elle criait des paroles encore plus vulgaires, offensives. Après l’audience, le Saint Père a commencé à recevoir les invités, puis il est monté sur la papamobile et est parti pour rentrer au Saint Siège. À la hauteur de l’Arc des Cloches, il y avait la fille, parce que justement on l’avait placée là contre le mur de la basilique. C’était une jeune fille de 20-22 ans, mince, mais elle avait tant de force que six fonctionnaires de l’antichambre, appelés habituellement ’sediari’, jeunes gens robustes, n’arrivaient pas à la maintenir immobile. Elle avait une force inconcevable, surhumaine. Quand ils ont dit au pape ce qui se passait, le Saint Père a fait arrêter la voiture, il est descendu et à ce moment s’est passé le ’pandémonium’. La jeune fille s’est mise à crier : « va-t’en vieil estropié ! Maudit !... » et de sa bouche, sortait une salive verdâtre, foncée. Son visage n’était pas humain. Les jeunes gens qui la retenaient étaient tout en sueur, ils n’arrivaient pas à la maintenir immobile. À ce moment, la jeune fille n’avait pas visage humain. Sa force non plus ne pouvait être humaine. Le Saint Père s’est approché, il a fait le signe de croix et a commencé à prier en latin. J’étais à une certaine distance, je n’entendais pas les paroles du Pape, en revanche j’entendais très distinctement la jeune fille qui continuait à crier : « Vieil estropié, tu es malade ! » À un certain moment, pendant que le Pape priait, la voix de la jeune fille s’est atténuée, est devenue presque une lamentation : « Mais tu sais que je ne peux rien contre toi. Je ne peux rien, tu es trop fort, trop fort ». Le Saint Père, priant, a mis la main sur sa tête et alors on a entendu un cri, comme arraché du ventre. Le Pape l’a bénie, l’a touchée de nouveau. La voix de la jeune fille était encore plus faible, elle répétait : ’ça suffit, maudit’, et après environ 20 minutes elle s’est tue. Puis elle s’est affaissée et son visage a repris sa physionomie normale, mais elle était littéralement trempée de sueur. Après cela, elle a ouvert les yeux et a regardé le Pape. Le Saint Père l’a caressée, bénie, et ensuite il est parti. J’étais stupéfait, bouleversé. Des phrases contre le Pape, du ton de la voix, inhumain, et surtout de la simplicité de l’intervention de Jean Paul II.

    (SOURCES : Catéchisme de l’Eglise Catholique n°1673 ; Compendium CEC n°352 ; Code de Droit Canon, Can. 1172 ; Rituel Romain, Cap. De exorcizandis obsessis a daemonio ; Tanquerey, Compendium de Théologie Ascétique et Mystique ; Schram, Théologie Mystique).


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    Erzébet arpente de sa beauté troublante les nuits glaciales de notre histoire, de nos légendes. Son seul nom suffit à inspirer l'épouvante, la mort, à griffer nos tympans. Pourtant connaissons-nous sa véritable histoire ? Pourquoi ce maelström de violence, de meurtre et de sang ? Depuis leurs origines, les Bathory se distinguent et forment un clan, d'un mystique qui traduisit la bible jusqu'à une comtesse se baignant dans le sang. Tous étaient tarés, cruel et luxurieux, fantasques et courageux, écrit Valentine Penrose, seule biographe de la comtesse. Famille princière de Transylvanie, descendance d'horreur dans une patrie où créatures de la nuit et vampires dansaient sur les cadavres des villageois. Le nom Bathory est sans doute d'origine allemande. Le clan a trouvé son nom vers la fin du XIIIème siècle sous le règne de Ladislas IV, où un chevalier mérita pour sa bravoure le nom de Bator, soit "le courageux".

     
    De cette suite de portraits des Bathory se dégagent comme des émanations de folie. Les tares se transmettent, les Bathory souffrent de la goutte mais aussi d'un mal inconnu et étrange pour l’époque, l’épilepsie. Toute sa vie Erzébet se plaindra d'horribles maux de têtes. Mon époux bien aimé, je vous écris au sujet de mes enfants. Grâce à Dieu, ils vont bien mais Orsik à mal aux yeux et Kato a mal aux dents. Je vais bien, mais j'ai mal à la tête et aux yeux aussi. Erzébet, lors de la rédaction de cette lettre, n'est pas encore devenue un monstre, elle n'a que 36 ans.

    Etienne Bathory, nommé prince de Transylvanie en 1571, réussit à devenir roi de Pologne le 10 juillet 1575 ; un règne de gloire et de conquêtes . Il reforma l'armée, créant la cavalerie polonaise pour contrer les attaques d'Ivan le terrible et mourut le 12 décembre 1586, épileptique... Un autre oncle, Istvan, illettré, menteur, faux monnayeur, finit ses jours dans le délire : Une folie telle qu'il prenait l'été pour l'hiver et se faisait alors voiturier en traîneau, comme par temps de neige sur des allées couvertes de sable blanc.

     

     

     

     


    Gabor Bathory, cousin d'Erzébet fut Roi de Transylvanie en 1608, il se rendit célèbre pour ses débauches et son orgueil. Il commit l'inceste avec sa soeur Anna dont il eut deux enfants qui moururent avant l’âge de 12 ans . Il mourut le 27 octobre 1613, tué soit par ses ennemis, soit par une foule vengeresse. Un second Gabor, célèbre pour ses crises de possession au cours desquelles il mordait. Klara, tante d'Erzébet, "cette folle qui prenait ses amants sur tous les chemins de Hongrie et jetait dans son lit les femmes de chambre" commente Valentine Penrose. Elle épuisa quatre maris et en assassina un en l’étouffant sous un oreiller. Vers la fin de sa vie, elle entretint un jeune homme à qui elle offrit un beau château, mais un pacha fit rôtir le profiteur à la broche, quant à Klara, elle finit violée par une garnison ; elle n'en serait pas morte, mais on la poignarda pour en finir.

    Enfin signalons Andreas, le cousin d'Etienne qui fut tué à coups de hache au sommet d'un glacier.
    Erzébet est issue d'un mariage consanguin, Anna : sa mère, soeur d'Etienne Bathory épousa son cousin György Bathory dont elle eut quatre enfants : Istvan un fou sadique, Erzébet et enfin deux filles, Sophie et Claire. Famine et peste régnaient en maîtres, le péril turc était omniprésent, la Hongrie était un grenier qu'ils pouvaient piller à loisir.
     
    Les paysans ne pouvaient aller travailler dans les champs qu'avec l’épée au coté et leur chevaux scellés pour s'enfuir en cas de nécessité. La guerre faisait rage, lors d'une défaite Hongroise, Soliman tint son divan sous une tente rouge où deux mille têtes coupées servaient de trophées ; ils y'avaient des têtes d’évêques, de riches mais celle du roi manquait, on ne la trouva qu'un peu plus tard dans un marais...

    La sorcellerie était omniprésente car elle est la fille de la crainte et de la misère. Elle trouvait en ce chaos les forces nécessaires pour grandir, pour prospérer et ainsi étendre les monstrueux tentacules de la superstition et de la folie.

    Elle naquit en 1560. Sa jeunesse se passa dans de sombres châteaux, battus par les vents d'hiver. La mélancolie et la mort furent ses compagnes de jeu. Le danger Turc préoccupait, toujours parvenaient les échos des cris des victimes, les Reines et favoris étaient décapites, assassinés. Les forces de la mort tournoyaient, telle une brume dévorante sur l'ensemble du pays.
    Fiançailles à 11 ans avec un Hadasdy, grande famille de Hongrie, Ferencz était né le 6 octobre 1555, grand combattant devant l'ennemi turc, méritant pour sa bravoure le titre de Prince noir.
     
    L'usage voulait qu'Erzébet fut élevée par sa future belle mère, une femme pudibonde qui la privera de toutes les joies de l'enfance, l’assommant de saintes lectures et de prières. Le mariage eut lieu quatre années plus tard en mai 1575, s'unissaient alors deux des plus puissantes familles du pays. Les jeunes mariés se fixèrent à Csejhhe, en un château sombre et lugubre sur une montagne désertique. C'est là qu'Erzébet passera la plus grande partie de son existence tandis que son époux guerroie. Elle s'ennuie, seule, abandonnée, elle erre parmi les longs couloirs humides et noirs du château.

    Trompa t-elle son mari ? Sans doute, lors de son procès, son lesbianisme fut mis au grand jour, Valentine Penrose fait allusion à une femme mystérieuse, une initiatrice aux amours ancillaires.
    Les premières manifestations de sa cruauté se manifestèrent déjà du vivant de son mari. Une parente de ce dernier fut dévêtue, enduite de miel et abandonnée un jour et une nuit dans le jardin pour que les insectes la piquent, l'une des punitions d'Erzébet ...
     
    1579, sa belle mère meurt, c'est de cette époque que date le seul portrait, aujourd'hui disparu de la comtesse. Elle se rendit plusieurs fois à Vienne, déjà le surnom de Blutgräfin, (la comtesse sanglante) circulait. On racontait des histoires de sang coulant dans la capitale, de cris des filles assassinées.

    Vers la fin du XVIème siècle, le couple acquit une vieille bâtisse, il semble que son sadisme ne connut plus de bornes. La nuit se gonflait de hurlements et, chaque matin, Illona et Darko son aide jetaient dans la rigole des baquets d'eau rougies. C'est aussi dans cette maison qu'il fallait verser des cendres tout autour de son lit ; car les flaques de sang, dans sa chambre étaient si vastes, qu'elle ne pouvait les franchir pour aller s'étendre. A cette remarque de Valentine Penrose s'ajoute celle d’ Ilona : Même en son palais de Vienne, la comtesse cherchait un endroit où pouvoir les torturer à l'abri ; il fallait toujours laver les murs et le plancher . 
     
    Les séjours dans cette bâtisse de l'horreur furent toujours exceptionnels. Trois enfants pourtant naquirent, elle sut toujours rester une mère aimante et attentive. Les années passèrentt, contre l'ennui, contre le temps qui passe, Erzébet veut rester jeune et belle. A cinquante ans, aux dires des témoins, elle présentait un aspect de jeunesse presque effrayant, une pâleur laiteuse qui fascinait et épouvantait à la fois. Le 4 janvier 1604, son époux meurt, Erzebet est de nouveau seule, veuve. Des lors elle se montrera impitoyable, cette situation lui apporta des forces nouvelles. Les complices redoublent d'effort pour apporter d'autres victimes, en échange de nourriture ou de récompenses, des complices au sein des villages apportent de pauvres jeunes filles à l'ogresse. La rumeur gonfle, hurle, trop de filles disparaissent ...

    Ujuary Janos, surnommé Ficzko, un bossu idiot à la fois servile et sadique, il n'avait pas 20 ans lorsqu'il fut condamné. Jo Ilona entra quant à elle en 1591. Ce fut la nourrice des enfants de Bathory. On la décrit grande, forte, laide et répandant une horrible odeur propre aux femmes qui ne se lavent pas. Dorotya Szentes, surnommée Dorko, spécialisée dans les incantations et les envoûtements. Kandoska, ivrognesse ayant pour mission de parcourir le pays. Enfin, Katalin Beneizky qui devait faire disparaître les cadavres. Celle qui sans conteste libéra la folie meurtrière de Bathory fut Anna Darvulia, Ficzko lors du procès avoue que seulement après l'arrivée de Darvulia, les tortures devinrent plus cruelles.

    Selon Valentine Penrose, elle fut celle qui initia Erzébet aux jeux les plus cruels, qui lui apprit à regarder mourir. En 1609, lorsque les soupçons se firent plus fort autour de Bathory, la sorcière s'enfuit dans la foret, nul ne la revit jamais. Quelle sont les parts de responsabilités de cette galerie d'horreur ? Quelle est le rôle exact d'Erzébet ? l'histoire restera silencieuse comme un tombeau...

    Lors de son interrogatoire Ficzko déclara : Elles attachaient les mains et les bras très serrés avec du fil de fer, et les battaient à mort, jusqu’à ce que tout leur corps fut noir comme du charbon et que leur peau se déchirât. Dorko quant à lui déclara : Les doigts étaient coupés un à un avec des cisailles, Ilonna apportait du feu, faisait rougir les tisonniers, les appliquait sur la figure, le nez, et la bouche. Quelquefois les filles étaient laissé sans nourriture et sans eau durant plusieurs jours. Ilona donne des précisions : La maîtresse avait fait chauffer à blanc une clé et brûlé grâce à elle la main des jeunes filles. Elle faisait de même avec des pièces de monnaie que les jeunes filles avaient trouvées sans les rendre à la maîtresse.

    Noël 1610, des personnalités avaient demandé accueil à Erzébet, parmi les hôtes, l'Empereur d'Autriche, le palatin Gÿorgy Thurzo, demandèrent officiellement l'asile, en fait devant les rumeurs, Thurzo se livrait à une enquête, il interrogeait, il cherchait .
    Vienne l'autorise enfin à une perquisition. La fouille fut accablante, du sang, des corps, l'horreur. 

    Dans une cellule, le bétail qui attendait les prochaines séances de massacre, elles dirent qu'elles avaient avalé la chair grillée de leurs compagnes mortes ; unique nourriture. On découvrait dans son propre appartement des pentacles et tout un appareil pour des messes impies ainsi que des escaliers secrets menant à des cachots ou à la salle de torture.
     countess-elizabeth-bathory.jpg Countess Elizabeth Bathory image by AvelinaDeMoray
    La sentence est douce, Thurzo la condamne : Erzebet, tu es comme une bête. Tu vis tes derniers mois. Tu ne mérites pas de respirer l'air de cette terre, ni de voir la lumière de Dieu ; tu n'es plus digne non plus d'appartenir à la société humaine. Tu vas disparaître de ce monde et tu n'y rentreras jamais, les ténèbres t'entoureront. Je te condamne à la prison éternelle dans ton propre château.  

    On décide de cacher l'affaire dans l’intérêt des descendants, Bathory est une famille puissante et connue, le Roi n'approuve pas, le procès se déroula à Biese entre les 2 et 7 janvier 1611. Attendu que ses complices étaient Ficzko, Jo Ilona et Dorko, et que ces crimes demandent châtiment, nous avons décidé qu'à Jo Ilona, puis à Dora Szentes, les doigts seront arrachés par les pinces du bourreau ; elles seront ensuite jetées vivante dans le feu. Ficsko vu son âge eut droit à une peine plus modéré, il sera décapité avant que son corps ne soit jeté au feu. 

    Le roi voulut l’exécution d'Erzébet mais une fois encore Thurzo se defendit en rappelant la grandeur des familles qui se terraient derrière le nom de Bathory. Enfin en avril, sans doute sous la pression de la cour royale, on confirma la sentence de Thurzo, la prison perpétuelle.
    Erzebet fut emmurée, des maçons bouchèrent les fenêtres, hormis quelques centimètres carrés. Durant trois ans et demi, elle vécut ainsi dans cette lugubre lueur de puits. 

    Elle mourut le 21 août 1614. Deux témoins attestent de sa mort, la nouvelle recrue qu'on avait mise de garde, curieuse de voir cette goule que l'on disait d'une si grande beauté, jeta un coup d'oeil par l'ouverture et la vit, allongée sur la face immobile ....

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