• des diamants dans nos cheveux

    Une société sévillane s’est fait une spécialité de la transformation des cheveux… en diamants. Cette activité étonnante donne l’occasion à des proches de se créer un bijou unique avec une mèche d’une personne aimée, 

    La petite ville de Carmona est distante de quelque trente kilomètres de Séville. Dans sa zone industrielle, on trouve un modeste local sans aucune indication particulière. Elle abrite les bureaux de la société espagnole IrisGem, qui transforme les cheveux en diamants. Au Brésil, de l’autre côté de l’Atlantique, Edson Arantes do Nascimento – plus connu sous le nom de Pelé – se prépare à une expérience inoubliable pour les besoins d’un spot publicitaire d’IrisGem. La mèche de cheveux du roi Pelé envoyée auxlaboratoires d’IrisGem permettra de créer, grâce à des moyens technologiques appropriés, un diamant qui sera ensuite offert à dona Celeste, la mère du champion. IrisGem accomplit en quelques semaines un processus qui exige habituellement de la nature des millions d’années.



    Nos cheveux sont constitués en grande partie d’une protéine, la kératine, qui est composée en moyenne de 50 % de carbone. Les cheveux de Pelé ont été envoyés par courrier à Carmona, où Cristina Gastón, chimiste de formation, a réceptionné le pli. C’est elle qui supervise la partie administrative inhérente à la spécialité de l’entreprise : la création de “bijoux de la mémoire”, une activité tournée vers les agences funéraires européennes, mais aussi sud-américaines. C’est d’ailleurs du Brésil que proviennent les demandes les plus insolites. 



    José Luis López, ingénieur, nous explique la phase de quinze semaines qui sépare l’arrivée d’une mèche de cheveux à Carmona de la remise du diamant au client après la taille, effectuée à Anvers. “La phase la plus longue est bien évidemment celle de la formation des diamants dans nos laboratoires. L’aspect rustique de nos locaux est directement lié à la sécurité que requiert la technologie que nous utilisons ici, confesse-t-il.Imaginez qu’un proche d’un défunt nous demande de créer un diamant à partir de ses cheveux. En présence de la famille, une mèche est coupée puis envoyée sous scellés, avec un code, à notre société. Quand l’enveloppe nous parvient, tout le processus est filmé pour garantir l’authenticité du service à la famille. Les cheveux sont placés dans un four à haute température afin d’extraire le carbone. Ensuite, celui-ci est introduit dans une ‘machine de formation’du diamant à l’intérieur de laquelle la température atteint 1 500 °C sous une pression équivalente à 45 000 fois celle de l’atmosphère. Cela prend plusieurs semaines, le temps de cristalliser le carbone.” Ce qui rend unique ces diamants, outre le fait qu’ils soient synthétiques, “c’est la possibilité de choisir un des éléments, ajoute José López. Ils peuvent être de couleur ambre, jaune, verte, bleue ou blanche.” Une fois créé, le diamant est envoyé à Anvers pour la taille, elle aussi au choix du client : brillante (ronde), princesse (carrée à 76 facettes) ou radiant (rectangulaire). 



    Tout cela n’aurait pas été possible sans la présence du Russe Dimitri Bagriantiev, qui vécut sa jeunesse en Sibérie durant les folles années de la conquête spatiale, développant, entre autres, la technologie qu’on utilise aujourd’hui à Carmona. Les machines soviétiques étaient gigantesques, Bagriantiev a passé près de deux ans à reproduire cette même technologie à une échelle beaucoup plus réduite. 



    A Carmona, Jordi Raventós, le PDG de l’entreprise, est très optimiste :“Nous offrons quelque chose d’unique au monde. Nous allons consolider notre activité en Europe. Mais le Brésil est un marché prioritaire.” C’est du pays du roi Pelé que proviennent les sollicitations les plus extravagantes. “Nous avons déjà eu des demandes de diamants pour des poils de chien, de chat, de cheval ou de singe.” L’entreprise ne vit pas seulement des cheveux des morts bien que les agences funéraires soient ses principaux clients. Santos, le club où a joué Pelé, a passé commande de diamants pour célébrer la conquête du Brasileirão, le championnat brésilien. “Certaines équipes espagnoles, comme le FC Séville ou le Real Madrid, se sont montrées intéressées par la création de diamants à partir des cheveux de leurs joueurs”, affirme Jordi Raventós. Pour lui, les possibilités sont infinies : “Pour créer un diamant, il suffit d’avoir une mèche d’environ 1 gramme d’où l’on extrait approximativement 400 milligrammes de carbone. C’est-à-dire huit fois le carbone nécessaire pour faire un diamant.” Une idée qui vaut plus que son pesant d’or…

     


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